SWIM + BIKE + RUN = TRIATHLON

Pour atteindre un objectif, soit on se donne les moyens, soit on se trouve des excuses.

lundi 21 août 2017

DEUX OMBRES.


Une projection nous devance. Une ombre.
L'approcher, la poursuivre, l'atteindre, la dépasser ?
Comme un rêve qui obsède, tourmente et puis nous ronge.
Un songe.
Une course pénible, impossible.
Comment rattraper cette forme insaisissable ?
Cette ombre qui fascine, cette ombre qui s'échappe.

Derrière, une autre ombre, mais cette fois elle nous suit.
Est-ce en raison du demi-tour ?
Fuir, s'échapper, déguerpir. Ne pas se retourner.
Elle s'approche, elle s'efface.
Une angoisse.
Arrêter la fuite inutile ? Se laisser tenter, se laisser rapprocher ?
Et puis non ! Continuer !

La course est ainsi faite.
On court après une ombre qu'on ne peut rattraper.
Ou on en fuit une autre qui cherche à nous atteindre.
Fuir le temps, inlassable, incessant qui s'efface,
Fuir, toujours fuir, le chrono qui passe, passe... ou agace.

Mais soudain, la course s'arrête.
On tourne alors la tête. 
Et là, on s'aperçoit... qu'en franchissant la ligne, 
Les deux ombres obsédantes, elles, ne sont plus là...


jeudi 10 août 2017

LE MYTHE DE SYSIPHE.

Dédicace spéciale à Loulou à l'approche de l'échéance de Vichy.


J’ai toujours aimé la philosophie. Pourtant j’étais bien loin de briller dans ce domaine si l’on considère mes résultats scolaires. Car si la philosophie me plait, elle, la philosophie, ne me le rendait pas beaucoup. Néanmoins, je l’apprécie; parce les philosophes s’ouvrent au monde et nous permettent d’appréhender les choses sous des angles différents.
Parmi mes lectures, c’est l’essai philosophique d’Albert Camus, écrit en 1942, le célèbre «Mythe de Sisyphe» qui m’a le plus marqué.
Avant de commencer, pour les plus grabataires d’entre vous, une petite explication rapide s’impose. Sisyphe, était un héros de la mythologie grecque, puni par les Dieux. Sa punition consistait à pousser indéfiniment un énorme caillou au sommet d’une montagne. Et, au moment où Sisyphe atteignait le sommet, l’immense rocher se mettait à rouler inexorablement jusqu’en bas.
Albert Camus voulait ainsi décrire la théorie de l’absurde et de l’éternel recommencement.

Et c’est par cet aspect-là que je trouve notre héros assez proche du commun des sportifs que nous sommes. Triathlète qui doit remettre sans cesse du cœur à l’ouvrage pour progresser, notamment dans les trois disciplines qu’il cultive, en solitaire, avec plus ou moins d’entrain tout le long de l’année.
Quoi de plus normal que de se fixer un objectif en début de saison, le sommet de la montagne, et quoi de plus anachronique, si je puis me permettre, que cette répétition d’entrainements pour atteindre son but ultime. Et, quoi de plus naturel pour le commun des mortels que nous sommes, que de relâcher la pression en regardant inexorablement dégringoler son caillou, une fois l’objectif atteint, pour repartir vers un sommet tout aussi élevé…
Sisyphe me plait tout simplement parce qu’il nous ressemble.

Tel notre héros qui pousse millimètre après millimètre son rocher, nous nageons de longues heures dans d’interminables bassins en vue d’apprivoiser une technique et de développer notre vitesse natatoire. Tel notre héros qui exhorte de sueur en gravissant les longues pentes qui mènent au sommet, nous nous employons sur nos montures en carbone, bravant le vent et les ascensions sempiternelles qui mènent jusqu’aux cols. Tel notre héros traine son fardeau sur les derniers et les plus escarpés hectomètres, nous courons pendant des heures impérissables sur un bitume bouillonnant en quête d’une introspection irrationnellement inaboutie. Et là, au moment de franchir la finish line, le Graal tant désiré depuis de longs mois avec patience et abnégation, dans une exaltante délivrance, tel notre héros qui laisse rouler son rocher jusqu’en bas sans pouvoir le retenir, nous nous abandonnons à une volupté exponentielle et si intense, un plaisir unique et si éphémère, que, dans les jours qui suivent, nous n'avons plus qu’une seule obsession : recommencer !
 
Tel notre héros, nous donc voilà repartis vers le même sommet, avides de souffrances et de masochistes décrépitudes, mais où l’instant de délivrance, si bon et si bref, n’a finalement pas prix. Refaire ce long chemin de croix pour quelques minutes privilégiées de bonheur égoïste, que nous désirons tant revivre, redevient alors obsessionnellement précieux.
Albert Camus voulait décrire dans cet essai, un héros saugrenu face à l’absurdité de la vie, en quête de son sommet, en quête d’une étrange passion qui l’anime.
 
Camus estimait qu'«il faut imaginer Sisyphe heureux». Notre héros trouve son bonheur dans l'accomplissement de sa tâche, et non dans sa signification.
C’est d’une vérité déconcertante n’est ce pas ?
Et voilà ! On regarde alors la vie comme un éternel recommencement ou comme un aboutissement qui n’a pas de fin. La destinée de tout compétiteur qui se respecte. Remettre sans cesse le cœur à l’ouvrage, enchainer des séances dans un perpétuel cérémonial dans le but d’atteindre l’objectif fixé, est la dure loi, inébranlable, mais aussi la plus folle et la plus humble, de notre existence humaine qui bascule, de manière intermittente, dans le succès.
Ne sommes nous pas un peu Sisyphe finalement ?

Et dans cet élan de pensée philosophique, je ne pouvais pas conclure ma démonstration sans vous laisser méditer sur cette phrase :
« Peu importe le laborieux chemin, la volonté d’y arriver suffit à tout ! »